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mercredi 28 novembre 2012

L’État du Jonglei, épicentre de la violence au Soudan du Sud

Un rapport rendu public aujourd’hui par Médecins Sans Frontières (MSF) met en lumière les conséquences dévastatrices de la violence sur la vie et la santé des populations civiles dans l’État du Jonglei, au Soudan du Sud. Parmi les victimes : des femmes et des enfants, parfois âgés d’à peine quatre mois. Les services de santé sont également menacés car les structures médicales sont prises pour cibles et détruites.
Depuis de nombreuses années, l’État du Jonglei est le théâtre de vols de bétail entre communautés. Mais depuis 2009, des attaques de plus en plus violentes ciblent les civils – des milliers de femmes et d’enfants – habituellement pendant la saison sèche. Depuis la mi-2012, un processus de désarmement a provoqué un climat d’insécurité généralisée et s’est également accompagné de violences à l’encontre des civils. De plus, les affrontements entre une milice et les forces armées du Soudan du Sud dans l’État du Jonglei ont aggravé la violence et causé de nouveaux déplacements au plus fort de la saison de la paludisme.
« Des patients blessés arrivés dans nos cliniques nous ont expliqué qu’ils avaient dû prendre la terrible décision de choisir entre les enfants qu’ils allaient emporter dans leur fuite et ceux qu’ils allaient abandonner », raconte Chris Lockyear, responsable des programmes de MSF. « Nous sommes face à une situation d’urgence : la vie et la santé de la population de l’État du Jonglei ne tiennent qu’à un fil. L’arrivée prochaine de la saison sèche rendra les déplacements à nouveau possibles. Nous craignons donc une nouvelle flambée de violence, de blessures et de déplacements de populations. »
Le rapport de MSF est intitulé : South Sudan’s hidden crisis: how violence against civilians is devastating communities and preventing access to life saving healthcare in Jonglei (Au Soudan du Sud, une crise loin des regards: à Jonglei, la violence laisse les populations dévastées et privées d’accès aux soins de santé vitaux). Le document comporte des récits déchirants de civils piégés par des attaques dirigées contre leurs villages. A titre d’exemple, plus de la moitié des blessés par balle traités par MSF, suite à une attaque en janvier 2012, étaient des femmes et des enfants.
Les conséquences indirectes des violences sont moins visibles mais tout aussi graves. Des communautés entières ont dû fuir dans la brousse pour sauver leur vie. Sans abri, nourriture ou eau potable, elles risquent de contracter des maladies telles que le paludisme, la pneumonie, la malnutrition et la diarrhée.
Les services de santé ont également été la cible d’attaques dans l’État du Jonglei. Les installations de santé de MSF ont été détruites ou pillées dans la ville de Pieri en août 2011, à Pibor et Lekwongole en décembre 2011, à Lekwongole en août 2012 et à Gumuruk en septembre 2012, rendant impossible tout soin médical pour une population déjà vulnérable. Avec six structures de santé destinées à une population de 287.000 habitants, MSF est le seul fournisseur de soins de qualité gratuits dans le nord et le centre de l’État du Jonglei. De janvier 2011 à octobre 2012, MSF a soigné des centaines de personnes blessées et dispensé plus de 227.851 consultations médicales.
« Aujourd’hui, nous révélons les conséquences médicales de la violence que nos équipes constatent sur le terrain », explique Chris Lockyear. « Le Jonglei est frappé par une urgence. MSF s’engage plus que jamais à prodiguer des soins, en toute neutralité et impartialité, mais nous craignons que les besoins médicaux soient encore plus importants. En effet, de nombreuses personnes ne peuvent se rendre dans nos cliniques car elles restent cachées dans la brousse ou ont peur de se déplacer. MSF demande à tous les groupes armés de respecter les structures médicales et humanitaires, ainsi que leur personnel. »


lundi 24 septembre 2012

Paludisme au Sahel : 65% de cas en moins grâce au traitement préventif

MSF met en œuvre une nouvelle stratégie de traitement préventif du paludisme au Mali et au Tchad. Les premiers résultats, qui montrent une baisse des cas de paludisme ainsi que du nombre d’hospitalisations, sont très encourageants.

Pour la première fois à vaste échelle et en conditions réelles, une stratégie de traitement préventif du paludisme, appelée chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS), a été menée par des équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) en collaboration avec du personnel médical local dans deux projets pilote, au Tchad et au Mali. Des traitements antipaludiques ont été distribués à environ 170 000 enfants âgés de 3 mois à 5 ans ; les premiers résultats sont très encourageants puisqu’une baisse de 65% des cas de paludisme a été constatée dans le projet de Koutiala, au sud du Mali.

« Nos équipes constatent des effets spectaculaires en termes de diminution du nombre de cas, explique le Dr. Estrella Lasry, spécialiste du paludisme à MSF. Bien sûr, il ne s’agit que des premiers retours, et nous allons continuer d'évaluer l’impact de ces stratégies de distributions ».

Pendant la période de haute transmission de la maladie, qui dure habituellement de juillet à octobre, les enfants ont reçu tous les mois un traitement à base d'amodiaquine et sulphadoxine / pyriméthamine (Fansidar®). Les distributions concernent environ 161 000 enfants du district de Koutiala, au sud-est du Mali, et 10 000 enfants de celui de Moïssala, au Tchad. Dans les deux cas, les enfants malades, déjà atteints de paludisme ou d’autres pathologies, sont directement traités et exclus de la distribution.

Dans le district de Koutiala, au Mali, les équipes MSF ont constaté une baisse de 65% des cas de paludisme simple au cours de la semaine qui a suivi la distribution du traitement. De même, le nombre d’hospitalisations liées à la maladie est passé de 247 cas à 84 cas par semaine. Dans le sud du Tchad, dans deux aires de santé à proximité de la ville de Moïssala, les résultats sont également encourageants avec une baisse oscillant entre 72% et 86% des cas de paludisme simple. 

« La CPS pourrait représenter un formidable outil de santé publique, notamment en protégeant les enfants, parmi lesquels on compte la grande majorité des décès. Les interventions menées au Tchad et au Mali vont également nous permettre d’évaluer la faisabilité de ces stratégies à vaste échelle et dans d'autres contextes », continue le Dr. Lasry.

En mars 2012, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recommandé l'utilisation de la CPS dans les zones de forte transmission saisonnière du paludisme au Sahel.

On estime que 650 000 personnes (source : OMS) meurent chaque année du paludisme. 90% de ces décès surviennent en Afrique subsaharienne, pour la plupart chez des jeunes enfants.
Au Mali et au Tchad, MSF mène des projets de traitement et prévention des maladies les plus meurtrières chez les jeunes enfants. Depuis le début de l'année, plus de 12 000 cas de paludisme ont été traités en ambulatoire et 3 500 enfants malades et/ou sévèrement malnutris ont été hospitalisés dans le cercle de Koutiala, dans le sud du Mali. Au Tchad, à Moïssala, plus de 18 000 cas de paludisme ont été pris en charge dans les structures soutenues par MSF ainsi que par des agents de santé non-médicaux formés par MSF dans les villages.